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L’ Occitanie … En Marche ?

L’effet Macron est réel sur cette campagne présidentielle. Dans la région Occitanie, le phénomène ne cesse également de prendre de l’ampleur … Analyse régionale sur cet OVNI politique.

 

Le dernier sondage Sofres publié hier place Emmanuel Macron au coude à coude avec François Fillon pris dans la tourmente … La percée de l’ancien ministre de l’économie est donc bien réelle, palpable dans l’opinion, et désormais crainte par ses adversaires politiques. La victoire de Benoît Hamon à la primaire socialiste pourrait même lui permettre d’avoir un terrain de jeu encore plus grand. Il arrive à fédérer autant au centre gauche qu’au centre droit. Il est un danger, et pour François Fillon, et pour Benoît Hamon, voire pour Marine Le Pen. Certains électeurs pourraient en effet voir en Macron l’incarnation d’une révolte acceptable … Peut-être plus réaliste que celle portée par le FN. Il donc est aujourd’hui une cible, l’homme à abattre. La critique qui tourne en boucle, à gauche comme à droite, se présente sous la forme interrogative suivante : « A t-il un programme ? » Pourtant, Emmanuel Macron distille son corpus et ses propositions à coups de meetings pleins à craquer, ou à travers son livre best-seller « Révolution. » Malgré tout, le refrain tourne toujours telle une ritournelle. Les adversaires semblent même s’auto-persuader que l’homme s’évertue à brasser du vent … A l’instar de Bruno Retailleau, le coordinateur de la campagne de François Fillon, pour qui « Macron c’est blah blah land. » C’est sans doute pour cette raison que le candidat d’ « En Marche ! » a tout de même décidé d’accélérer le tempo d’un point de vue programmatique et de structurer son pôle projet autour d’un transfuge de l’entourage de Manuel Valls, l’économiste Jean Pisani-Ferry. Une chose est certaine l’élan, la dynamique, ne sont pas uniquement médiatiques. Sur le terrain, l’effet Macron est mesurable.

 

 

La plupart de nos adhérents sont plutôt issus de la société civile (C.Dubost)

 

 

Toulouse, Montpellier, Auch etc. Une dynamique chiffrée impressionnante

 

Dans la région Occitanie la poussée de Macron est factuellement impressionnante … La preuve par les chiffres. En Haute-Garonne le mouvement « En Marche ! » enregistre aujourd’hui plus de 4300 adhésions, et près de 75 comités locaux : « Je pense que beaucoup viennent vers nous car notre mouvement réinvente le militantisme. Il y a dans la vision d’Emmanuel Macron l’idée d’une certaine liberté dans l’exercice militant … C’est aussi pour cela que la majorité de nos adhérents n’a jamais eu de carte politique » , nous confie Mickaël Nogal, référent haut-garonnais d’« En Marche ! ». Ce dernier n’est d’ailleurs pas un novice dans le microcosme. Depuis l’âge de 16 ans il a milité au Parti Socialiste (au sein de la section de Colomiers), et ce jusqu’en 2015. Année qui a symbolisé pour lui la désillusion : « Je ne me suis plus senti à l’aise dans ce parti. L’appareil est trop rigide, et il a beaucoup trop de strates. » C’est à ce moment-là que ce jeune homme aujourd’hui consultant, par ailleurs ancien collaborateur parlementaire du député PS Christophe Borgel (le monsieur « primaire » de la gauche), a adhéré à la personnalité d’Emmanuel Macron : « J’ai été enthousiasmé par la manière dont il a défendu sa fameuse loi. J’y ai d’ailleurs retrouvé la vision pragmatique d’une société qui doit être plus libre, et qui a été porté en son temps par Dominique Strauss-Kahn. Emmanuel Macron n’est jamais dans le dogme, il veut changer les choses. » Christopher Soccio est gersois. Ce transfuge de l’UDI (il est d’ailleurs suspendu de sa fonction de délégué départemental des Jeunes UDI pour son ralliement) est désormais en charge de la mobilisation au sein du mouvement « En Marche ! » sur la région Occitanie. Il se dit fier de la montée de Macron sur ses terres gasconnes, et n’hésite pas à nous donner des chiffres. Le Gers compte aujourd’hui plus de 400 adhérents, et quinze comités locaux. Le dernier en date est celui de Condom … « Il y a une dynamique de terrain incroyable sur toute la région. Sur les marchés les gens veulent adhérer de suite, et j’avoue être plutôt surpris de l’image positive renvoyée par Emmanuel Macron. On note aussi que beaucoup de gens nous parlent de l’affaire Fillon ; ils veulent tourner la page », nous détaille Christopher Soccio.

 

 

Emmanuel Macron n’est jamais dans le dogme, il veut changer les choses (M.Nogal)

 

Du côté de l’Hérault, même constat. Macron imprime. « En Marche ! » y a enregistré un peu plus de 3650 adhésions pour 70 comités locaux. Pour Coralie Dubost, référente du mouvement d’Emmanuel Macron dans ce département, on peut expliquer ce succès par l’utilisation du numérique comme véritable outil de militantisme : « Adhérer par le net, et de manière gratuite, enlève certains freins. Cela permet aux oubliés de venir nous rejoindre … C’est sans doute pour cette raison que la plupart de nos adhérents sont plutôt issus de la société civile. » Un bémol à cet afflux d’adhérents, mais également de postulants pour les élections législatives (chacun peut candidater en ligne sur le site d’ « En Marche ! »), les femmes ne sont pas encore au rendez-vous de l’aveu même d’Emmanuel Macron. Seuls 15% des candidats à la candidature pour les législatives sont des candidates : « Les femmes sont finalement peu habituées à se tourner vers ce type d’engagement, pourtant elles sont tout aussi légitimes … Regardez, elles sont très engagées dans les écoles, les associations et autres. Elles vont prendre le temps de la réflexion mais elles vont venir ! », assure Coralie Dubost, qui s’interroge encore elle-même sur une possible candidature aux législatives : « Vous savez je ne suis pas une professionnelle de la politique, donc un tel acte se réfléchit d’autant qu’à 34 ans j’ai une vie de femme à construire. Mais j’avoue que les militants me poussent à y aller pour incarner ce renouvellement que nous appelons de nos vœux. » A Toulouse, Mickaël Nogal (26 ans) s’interroge aussi, « ma décision n’est pas encore prise. » Dans le Gers, Christopher Soccio (31 ans) a déjà franchi le pas, et a posté sa candidature sur le site d « En Marche ! » pour la seconde circonscription. Coralie, Mickaël, Christopher … Une nouvelle génération qui vient bousculer les certitudes acquises depuis des décennies par les cadres locaux des partis dits traditionnels (PS, Républicains, UDI).

 

 

Des ralliements qui viennent de partout

 

Le temps s’accélère pour Emmanuel Macron : samedi prochain grand meeting à Lyon, programme dévoilé en fin de mois, candidats aux législatives présentés début mars, des stands physiques sur tous les marchés de France à partir de la mi-mars etc. Dans le même temps les ralliements viennent de tous horizons. Au niveau national, on note des figures venues de la gauche (Gérard Collomb, Pierre Bergé, Christophe Castaner, Richard Ferrand, Jean-Paul Huchon, Bernard Kouchner etc.), comme de la droite et du centre (Jean Arthuis, Renaud Dutreil, Jean-Marie Cavada, Corinne Lepage, Serge Lepeltier, Jean-Paul Delevoye etc). De quoi semer le trouble. Il en est de même dans la région Occitanie. Petit tour d’horizon.

 

Les têtes de gondole

 

  • Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole, a annoncé le 19 janvier son soutien, lui qui est pourtant un intime de Manuel Valls: « Emmanuel Macron c’est une nouvelle façon de concevoir la politique, plus moderne, plus diverse, moins dogmatique. » Il est membre du staff de campagne du candidat. Avec Gérard Collomb (Lyon), E.Macron a donc deux présidents de métropoles dans son escarcelle.
  • Christian Teyssèdre, maire PS de Rodez et président du Grand Rodez, est un soutien depuis le départ de l’aventure : « Emmanuel Macron a compris que le clivage entre la droite et la gauche ne veut plus rien dire. » Il est à noter que son directeur de cabinet, Thomas Mogharaei, est le référent d’ « En Marche ! » en Aveyron.

 

Les parlementaires

 

  • Monique Iborra, députée de la Haute-Garonne, en marge du PS depuis son soutien à Philippe Saurel lors des dernières élections régionales : « C’est le meilleur candidat. » Elle est membre du comité politique d’ « En Marche ! », et se présente comme l’un des leaders du courant « La gauche avec Macron. »
  • Françoise Laborde, sénatrice PRG de la Haute-Garonne, a annoncé son soutien entre les deux tours de la primaire de la gauche : « Je veux ainsi faire barrage à l’extrême droite et à la droite conservatrice ainsi qu’à l’hyper gauche démagogique. »

 

Des élus et des personnalités qui ont du poids

 

La liste est bien entendu non exhaustive, et tente à démontrer que le mouvement n’est plus anecdotique : Robert Crauste (maire du Grau-du-Roi, Gard), Alain Péréa (maire de Villedaigne, vice-président du Grand Narbonne, Aude), Gilbert Pastor (maire de Castries, vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole), Frédéric Laval (conseiller départemental des Hautes-Pyrénées), Jerôme Talon (directeur de cabinet à Bagnols sur Cèze et référent « En Marche ! » dans le Gard), Jean-François Portarrieu (directeur de cabinet au Grand Narbonne, Aude), Olivier Pinel (ancien secrétaire de section du PS à Castres, Tarn), Jean-Philippe Gerault (maire de Bellegarde, Gers), Patrice Calmels (vice-président du Grand Villefranchois, Aveyron), Ludovic Le Moan (PDG de Sigfox) etc.

 

A droite et au centre cela commence à bouger aussi

 

On peut remarquer que deux adjoints toulousains de Jean-Luc Moudenc, Elisabeth Toutut-Picard et Franck Biasotto, sont eux aussi venir grossir les rangs d’ « En Marche ! » très récemment. A Perpignan, c’est également le cas de l’ancien sénateur-maire de la ville, Jean-Paul Alduy, et de l’actuel adjoint au maire, Brice Lafontaine.

 

D’autres vont arriver

 

Un cadre toulousain de l’UDI nous confie : « Il est hors de question que je soutienne la campagne de François Fillon. Tout d’abord sur le fond, mais aussi désormais sur la forme … Comment des centristes peuvent cautionner tout cela ? Je ne peux plus suivre nos parlementaires et nos barons locaux qui ne pensent qu’à négocier des investitures … Il n’est plus question d’idéologie pour eux. Pour moi si. L’heure de mon départ vers Macron va donc bientôt sonner. »

Idem pour un cadre du PS bien connu de la rue Lancefoc à Toulouse : « Les militants partent vers Macron. Il faut être aveugle et sourd pour ne pas comprendre qu’une page politique est en train de se tourner. De toute façon il n’est pas question pour moi de faire des compromis avec le programme de Hamon … »

 

La montée de Macron dans les sondages n’est donc pas une bulle, mais résistera t-elle à la rudesse d’une campagne présidentielle ? Un certain François Fillon pourrait être de bon conseil, non ?

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