Les Français ont confirmé hier le résultat de la Présidentielle, et la recomposition en cours…
Gérard Trémège, un livre sinon rien !
Le maire de Tarbes sort un livre intitulé « Mon chemin » (ed.Cairn). L’occasion de s’expliquer sur les affaires … Mais pas que. Son enfance, ses cicatrices, ses mentors politiques, ses messages aux siens … Tout y passe. L’élu se met à nu. Exercice réussi.
« Mon chemin » est un livre-entretien (réalisé avec l’historien Jean-François Soulet et l’avocat Roger-Vincent Calatayud), qui se présente comme le miroir d’une vie. Nos confrères se sont trop limités au simple passage dans lequel Gérard Trémège règle ses comptes avec le député socialiste Jean Glavany ; pourtant ce livre est bien autre chose. Ce serait oublier le premier chapitre (« De la pluie et du soleil … ») dans lequel on saisit mieux certaines cicatrices, la fêlure qui a fait l’homme : des rapports complexes avec les parents, de longues périodes passées en pension (« J’y étais assez mal traité »), des débuts professionnels comme apprenti boulanger … La vie de Gérard Trémège est ainsi. Avec des obstacles cruels ou pas, que l’homme a toujours su surmonter. Il y a même certaines phrases qui résonnent, qui « claquent » à la lecture : « On me disait souvent pour nourrir en moi de faux espoirs : « Dimanche ton père va venir te chercher ». Trop souvent en vain. » Le mal est vivace.
Parcours atypique
En politique, Gérard Trémège a tout connu ou presque. Depuis ses premiers pas aux-côtés de Pierre Bleuler (au niveau local) et de François Léotard (au niveau national), il aura exercé tous les mandats : conseiller général, conseiller régional, député, président de CCI … Pourtant celui qui est la clé de voûte de son existence reste celui de maire. Dans « Mon chemin » il nous conte ce moment magique. Celui de la conquête de Tarbes en 2001 : « Nous avons entendu une clameur immense montant du bas. » Cetté élection reste d’ailleurs gravée dans l’histoire politique régionale : « Avoir fait tomber le dernier bastion communiste de la région équivalait à une révolution dans le paysage politique. »
L’homme aux mille visages
Il y a ce passionné de théâtre (« J’ai découvert ce milieu qui me fascinait »), celui qui a été initié à la Franc-maçonnerie (« la réflexion, le rituel, la symbolique, l’épopée des bâtisseurs des cathédrales, tout cela est exaltant »), celui qui marche sur les chemins de Compostelle, le chef d’entreprise doué … Il y a de tout ça chez le maire de Tarbes. Il y a de tout ça dans son livre.
Les Affaires tout de même
Le maire de Tarbes en avait sans doute marre de la vérité révélée d’une certaine presse. Ce livre, c’est clairement aussi pour dire « sa » vérité : « La mairie était considérée comme un repaire de délinquants de haute-volée. » La blessure est là, vivace, ouverte … Les plaies non encore soignées. Jean Glavany (député PS, ancien ministre) est ciblé par Gérard Trémège. Il serait celui par qui tout a commencé, suite à l’envoi d’une lettre à tous les élus locaux « relatant de prétendues irrégularités concernant la gestion de la ville de Tarbes. » Quelques lignes plus tard, l’attaque se fait plus forte encore : « Jean Glavany n’a pas abandonné son oeuvre. Il a fait pendant plusieurs mois le siège de la Chancellerie jusqu’à ce que la garde des Sceaux demande une enquête sur le fonctionnement des services de la Ville … » Dans le livre, Gérard Trémège se défend chiffres et témoignages à l’appui. Il prend le temps de tout poser sur la table. Il en avait besoin. Aujourd’hui les deux hommes pourraient une nouvelle fois se trouver un terrain d’opposition, celui de la nouvelle grande agglo Tarbes-Lourdes. L’édile tarbais se prépare, pendant que Jean Glavany s’activerait en coulisses pour inspirer la campagne de son poulain, Yannick Boubée (maire d’Aureilhan). L’échéance est fixée au mois de janvier.
Le plus important, c’est quoi ?
On ressort troublé de la lecture de « Mon chemin ». Il y a une odeur … A l’instar du formidable documentaire d’Yves Jeuland, »Le Président », consacré à Georges Frêche (ex maire de Montpellier), il y a dans le livre de Gérard Trémège toute la dureté de la vie politique. On la ressent. Il y a même parfois du doute, comme s’il fallait se demander si tout cela était nécessaire. S’il fallait faire passer sa vie publique avant sa vie privée : « Je veux remercier mes enfants, éclaboussés eux-aussi. Ils n’ont jamais douté de l’intégrité de leur père … » « Mon chemin » est donc aussi celui des autres. Comme un message adressé aux siens. Les petits jeux politiciens, les affaires, les complots … Gérard Trémège se permet aussi la prise de recul : « L’écume a vocation à être balayée par la mer et oubliée. » L’autre visage du politique est ainsi martelé. Il est homme.
« Mon chemin » n’est pas un livre politique comme les autres. C’est un autoportrait tendre et libre à la fois. A lire pour ne pas croire que les politiques ne sont que des élus …